À mon jour de naissance
Que mon jour de naissance s’efface sans retour,
Сomme d’autres jours futiles, dépourvus de toute grâce ;
La cohue chérit les ébats et les discours
Où l’on périt noyé et où la mort l’embrasse.
N’épanchez pas sur moi vos vaines palabres en fleuves :
Mon âme se glace à cause de votre papotage ;
Aux veuves les étrennes — je ne suis pas une veuve,
Vos offrandes me sont moins qu’une mouche dans le potage.
Pourtant... Mon âme est vieille ; elle mûrit sans répit ;
D’un œil sec, j’épiais la flagornerie banale,
Vêtu de haillons ternes, défroque sans esprit,
Dédaignant leur cadeaux et faveurs bacchanales.
Les fleurs m’emplissent d’angoisse ; au diable les plates-bandes !
Des tiges sans éclat, pareilles à une filasse ;
Les cartes de vœux clinquantes des galeries marchandes —
Qu’un factionnaire austère me garde et les chasse !
Imaginez-vous ma nausée à vous fuir,
Pour disparaître seul dans une soupente obscure ;
Ne voyez-vous pas ma porte fermée, scellée de cire ?
Pour cela, vos dos méritent d’une bastonnade dure.
Assez de vos bouchées, de vos mets invasifs,
De thé de tilleul tiède versé dans mille porcelaines !
D’un coup de botte, je renverserai vos plats festifs,
Endiablé, féroce, pour exhaler ma haine.
Puis, je m’échapperai, abandonnant vos camps,
Courbant mon dos voûté sous le chagrin noir ;
Sans moi, festoyez donc, dans vos rires mordants,
Et buvez sans raison, au deuil, sans mémoire.
2024-12-06.